Mardi des Ingénieurs : les OGM, objets techniques mal identifiés

L’explication de la technologie des organismes génétiquement modifiés provoque rapidement des débats vifs. A l’examen des applications au cas par cas, les opposants préfèrent un rejet total a montré le débat IESF-Enviscope organisé à l’INSA de Lyon.

Expliquer la technologie des organismes génétiquement modifiés appliquée au végétal est toujours un exercice difficile. En France surtout, le dossier est devenu  essentiellement politique ou idéologique. C’est ce qu’a montré la conférence ” OGM: s’informer avant de débattre”, organisée par Ingénieurs et Scientifiques de France et Enviscope.com mardi 14 à l’INSA de Lyon dans le cadre des Mardis des Ingénieurs et Scientifiques de France.

Marcel Kuntz, biologiste, Directeur de recherche au CNRS, auteur de plusieurs ouvrages sur les OGM, a d’abord rappelé la technique de modification du génome : il s’agit d’insérer dans l’ADN d’une cellule reproductrice, un gène venant d’un autre organisme d’une autre espèce, afin que ce gène produise une protéine ayant les propriétés recherchées. Les mêmes gènes, ces briques du vivant, se retrouve dans de nombreuses espèces très éloignées les unes des autres. La sélection naturelle, en écarte certains et permet à d’autres de s’exprimer largement. La sélection agricole a consisté à mettre en avant dans certaines plantes comme le maïs, les gènes les plus intéressants, mais les gènes sélectionnés ont toujours été ceux qui étaient présents dans l’espèce.

Gérard Faure, ingénieur agronome qui a fait sa carrière dans le secteur des semences, a rappelé l’importance de ces dernières pour l’agriculture et l’agriculteur.  “ La sélection est nécessaire, mais aussi l’inscription des variétés.  Les autorités ont cherché à protéger l’agriculteur en lui permettant de disposer de semences qui assurent une production répondant à certains critères par exemple des plantes qui ne versent pas. Il s’agit aussi de protéger le consommateur. Il y a bien des dizaines de variétés de pommes de terre, mais certaines sont toxiques. La surveillance est nécessaire pour s’assurer de l’innocuité des produits cultivés.

Les présentations de Marcel Kuntz et de Gérard Faure ont été suivies d’une heure d’échanges avec la cinquantaine de personnes présentes dans l’amphithéâtre Marc Seguin, de l’INSA de Lyon.

Les critiques nombreuses des OGM épargnent les applications thérapeutiques. Les effets positifs ne sont alors pas du tout remis en cause et la notion de risque, même pour les patients n’est pas évoquée.

En revanche pour les OGM  végétaux,  les critiques soulignent les effets possibles de la dispersion de gènes dans l’environnement ou les effets de la diffusion de la technique OGM. Les critiques sont alors totales Gérard Faure comprend qu’on refuse pour des raisons philosophiques de toucher aux cellules des végétaux. Mais cette position n’est pas justifiée techniquement.

Près de quatre cents évènements au point

Gérard Faure: la sélection et la garantie des semences sont indispensables ( Enviscope)
Gérard Faure: la sélection et la garantie des semences sont indispensables ( Enviscope)

 

 

 

 

 

 

 

Gérard Faure a rappelé que près de 400 évènements génétiques ont été mis au point. Contrairement à ce qui est répété par les opposants, les OGM ne sont pas mis au point par une poignée de multinationales mais  40 institutions et entreprises certaines sont publiques.

Marcel Kuntz: les OGM ne sont pas un mode de production agricole ( Enviscope.com)
Marcel Kuntz: les OGM ne sont pas un mode de production agricole ( Enviscope.com)

Les opposants répètent aussi que les OGM entraineraient un appauvrissement des variétés. Or, a rappelé Marcel Kuntz, les gènes sont insérés dans des variétés diverses adaptées aux conditions locales.

Herbicides et insecticides

Les opposants insistent sur le fait que des OGM diffusent une résistance à des herbicides ou à des insectes. «  L’utilisation d’OGM herbicides entraine et va entrainer l’utilisation de davantage de glyphosate” estime un auditeur, rappelant que cette molécule a été classé cancérogène probable pour l’homme par le Centre international de recherche sur le Cancer. La question des OGM à gène insecticide pose la question de la résistance de certains insectes.

La résistance fait partie du vivant, rappelle Marcel Kuntz. Ce dernier a aussi rappelé que les entreprises savent arrêter la mise sur le marché de produits aux effets indésirables.

Au final, il est évident que les OGM ne sont pas un produit unique, mais une technique, aux applications diverses, qui doivent être évaluées au cas par cas en prenant en compte, environnement, santé, mais aussi impact économiques et sociaux.

michel.deprost@enviscope.com

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