Des chercheurs évaluent à 153 milliards d’euros le service rendu par les insectes pollinisateurs

On savait que la présence d’insectes pollinisateurs, en particulier les abeilles, accroissait la pollinisation des cultures, les rendements et la qualité des fruits. Les arboriculteurs en particulier connaissent la valeur de ce ” service”. La valeur de cette contribution, de ce service gratuit rendu par les insectes n’avait jamais été évaluée d’une manière globale.


C’est chose faite avec l’étude de N.Gallai, N V Salles , J. Settele, Bernard Vaissière, institulée “Economic valuation of the vulnerability of world agriculture confronted with pollinator decline” publiée en août dans la revue ECOLOGICAL ECONOMICS.


L’étude permet de chiffrer la valeur de l’activité pollinisatrice des insectes, abeilles principalement, à 153 milliards d’euros en 2005 pour les principales cultures dont l’homme se nourrit. Ce chiffre représente 9,5% de la valeur de l’ensemble de la production alimentaire mondiale. Plus des trois quarts des cultures, soit la majorité des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses, de fruits à coques, d’épices, café, cacao), bénéficie de l’activité pollinisatrice des animaux. Un quart n’en dépend pas du tout. Trente cinq pour cent en volume de la production mondiale de nourriture résulte de la production de cultures dépendant des pollinisateurs. Soixante pour cent des cultures, en particulier les céréales n’en dépendent pas. Pour cinq pour cent des cultures l’impact des pollinisateurs est encore inconnu.



Fruits et légumes d’abord


L’étude parue dans ECOLOGICAL ECONOMICS calcule la valeur de la contribution des pollinisateurs à la production alimentaire à l’échelle mondiale. La valeur de ce service de pollinisation estimée sur la base des prix en vigueur en 2005 s’établit à 153 milliards d’euros, soit 9,5% de la valeur de la production agricole mondiale. Trois catégories de cultures sont surtout concernées. Viennent en premier les fruits et les légumes, avec une valeur estimée à 50 milliards d’euros pour chaque catégorie. Pour les oléagineux ( colza, tournesol) la valeur de la pollinisation est estimée à 39 milliards. L’impact sur le café, le cacao, les fruits à coque et les épices serait moindre.


Les chercheurs ont aussi établi que la valeur moyenne des cultures dépendantes des pollinisateurs était très supérieure (760 € par tonne) à celle des cultures non dépendantes comme les céréales ou la canne à sucre (150 € la tonne). L’étude a montré que les catégories de culture les plus dépendantes de la pollinisation par les insectes, sont aussi celles qui ont la valeur économique la plus importante.


En cas de disparition totale des pollinisateurs, en particulier des abeilles, les équilibres alimentaires mondiaux seraient profondément modifiés pour les fruits, les légumes et les stimulants comme le café et le cacao. Le niveau actuel des besoins ne pourrait être satisfaits et les régions importatrices nettes ( qui important plus qu’elles n’exportent) comme l’Union européenne seraient touchées.


Augmentation des prix


Les chercheurs donnent les limites de leur étude. Le déclin des pollinisateurs, non seulement des abeilles est constaté, mais les scientifiques ne prévoient pas de disparition. L’estimation ne prend pas en compte les réactions au déclin. Si quelques travaux montrent une proportionnalité entre déclin et production, la relation reste encore à confirmer. Le déclin entraînerait une diminution de la production agricole, et par suite, une augmentation des prix agricoles. Les chercheurs ont émis différentes hypothèses en termes de réaction des prix à une moindre offre agricole. Selon ces hypothèses, la perte pour le consommateur serait comprise entre 190 milliards d’euros (faible réaction des prix) et 310 milliards d’euros (forte réaction des prix).
La disparition des pollinisateurs, en particulier celle des abeilles domestiques et sauvages principaux insectes pollinisateurs des cultures, entrainerait des pertes économiques substantielles. Aux cultures destinées à l’alimentation il faudrait ajouter l’impact sur la production des semences, très important pour de nombreuses cultures fourragères et légumières. L’impact de la pollinisateur sur la flore sauvage n’a pas été pris en compte, de même que tous les services écosystémiques qu’elle fournit à l’agriculture et à l’ensemble de la société.


michel.deprost@free.fr




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