L’ouvrage de Tom Jackson commence par une critique du Produit Intérieur Brut, encore considéré par certains comme la mesure essentielle du développement d’une société. Tim Jackson montre que le PIB inclut positivement certaines activités nuisibles mais omet de prendre en compte nombre d’activités positives.
Tim Jackson montre dans quelle impasse bien des gouvernements, bien des pays et bien des peuples se sont engagés pour tenter de relancer une machine économique largement fondée sur la consommation. Les derniers plans de relance lancés pour remédier à une crise provoquée par une bulle immobilière, ont été largement des plans de soutien à des secteurs privés de demande solvable. Cela a été le cas des primes à la casse mises en place pour le secteur automobile. Tim Jackson montre qu’un ennemi intérieur encore plus menaçant que la dette financière: la dette écologique qui nous fait emprunter et détruire des éléments de la nature.
Course à la consommation impossible
Or, une telle course à la consommation n’est plus possible, car la planète ne le supporte pas. Tim Jackson ne croit pas non plus à une relance seulement en partie « environnementale » qui aurait quand même pour effet d’accroitre les consommations de matière et d’énergie.
Tim Jackson montre qu’à partir d’un certain niveau de revenu par tête, les gains pour les individus n’existent pas, ou deviennent marginaux. C’est le cas pour la santé, pour l’espérance de vie, pour l’accès à l’éducation et à la culture. Une étude de Zia Sardar indique que la satisfaction des individus vient pour près des trois quarts d’une situation positive sur le plan familial, sur le plan des relations, et d’ne bonne santé (24%) Le niveau de vie est a rattaché, comme l’indique Amartya Sen, prix Nobel d’Economie, à la capacité épanouissement.
Cage de fer de la consommation
Tim Jackson analyse le moteur du capitalisme actuel, le « cage de fer de la consommation ». La consommation des individus est nourrie par la nouveauté. Dans les sociétés développées, le moi considère la possession d’objet comme une extension du moi et cherche à consommer de plus en plus pour éviter le risque d’un « moi vide ». Tim Jackson plaide en revanche pour une relance verte qui mette l’accent non pas sur la demande des consommateurs individuels, mais sur les investissements en faveur de l’énergie et de environnement. Il montre que des pays comme la Chine, et surtout la Corée du Sud ont fortement insisté sur cet aspect des investissements.
Il présente aussi l’idée du développement d’activités de services non liées à des consommations énergétiques ou matérielles. Cela suppose de sortir du carcan de la consommation matérielle, de remettre en cause sinon le capitalisme mais les formes de capitalisme les moins régulées, en favorisant les organisations économiques où l’Etat ou les investissements publics sont suffisants pour orienter la société dans le sens d’une plus grande écologie.
Prospérité sans croissance, la transition vers une économie durable, Tim Jackson, édition de Boeck, 244 pages.