La restructuration du vignoble du Beaujolais est loin d’être terminée et le département du Rhône met la main au porte-monnaie pour aider à éponger des années de course aux rendements. Les dossiers ont été discutés ce mardi, lors de la Conférence agricole annuelle au cours de laquelle les élus départementaux et les représentants du secteur agricole font le point sur les politiques départementales. La discussion a été parfois tendue, les représentants de la viticulture réclamant des interventions supplémentaires, et demandant à être partie prenante directe des discussions pour les dossiers d’aide. Michel Mercier, président ( UDF) de l’assemblée a expliqué que la collectivité faisait beaucoup pour le vignoble, trop divisé dans sa représentation comme dans ses actions, en particulier de commercialisation.
Arrachage et RMI
La crise du Beaujolais s’est approfondie encore en 2007, selon le document commun préparé par la Chambre d’Agriculture et par le Département « en dépit des efforts constants de la profssion et de l’accompagnements des collectivités» Les conditions climatiques ont permis une bonne qualité et la commercialisation des crus est prometteuse, mais les difficultés demeurent au niveau des vins nouveaux. Les ventes ont reculé de 60 000 hectolitres, pour les Beaujolais et pour les Beaujolais Village qui jusqu’à présent n’étaient pas touchés.
La crise se confirme malgré une restructuration déjà très engagée. Sur la période 2006-2008, 3000 hectares doivent être définitivement arrachés : 1270 l’ont déjà été. Cette année, 817 hectares devraient être arrachés. Les cessations d’activité se poursuivent, les personnes qui quittent la vigne pouvant bénéficier des mesures PREVI : 67% des personnes inscrites sont à la recherche d’un emploi ou d’une inscription à l’ANPE. En 2006, 120 viticulteurs bénéficiaient du Revenu Minimum d’Insertion.
Les solutions , soutenues par la collectivité et par la profession vont dans plusieurs directions. La viticulture cherche de nouveaux débouchés : vin effervescent rosé, jus de raisin, vin de base pour crémant. Les débouchés dépendent aussi de la commercialisation réalisée en partie par Caves et Vignobles du Beaujolais, une sarl réunissant plusieurs coopératives, qui opère sur les marchés de vrac. L’avenir dépend aussi de l’image du beaujolais, de la hiérarchie entre vins nouveaux et vins de garde, des rapports que le beaujolais établit avec la Bourgogne à laquelle il est rattaché oenologiquement.
Abaisser les densités
Une certitude demeure : la restructuration n’est pas finie. Elle passe par l’arrachage définitif, mais aussi par la baisse de la densité. Le Beaujolais est un des vignobles les plus denses de France e du monde avec 9267 pieds à l’hectare alors que les traitements par canons ( qui dispersent beaucoup de produits pesticides) seront interdits. Le Beaujolais doit trouver la voie d’une viticulture durable. Le vignoble devra être planté différemment palissé par exemple pour permettre à, la vigne de prendre le soleil. Tout cela devra être poursuivi alors que la modernisation environnementale est loin d’être achevée. La mise au aux normes des cuvages, pour éviter les rejets d’effluents chimiques, a pris du retard, même si 80% du budget 2007 a été consommé pour d’autres opérations concernant la fabrication. La Région Rhône-Alpes a d’ailleurs décidé de ne pas apporter les 91 000 euros qu’elle devait apporter. L’adaptation du Beaujolais est bien douloureuse.