Les agricultures devront s’adapter à des cycles de l’eau et à des températures bouleversées par le réchauffement climatique. C’est un des thèmes évoqués sur plusieurs pavillons de l’Exposition Universelle de Milan
« Nourrir la planète » les pavillons de certains pays n’évoquent pas ce thème de l’Exposition Universelle et n’abordent pas la question du précieux élément. La France a visé juste. Le pavillon français répond entièrement à la question agricole et à la question de la nourriture, sous des formes variées.
Il est l’un des seuls à évoquer la question de l’eau, même si cette évocation est très discrète. Pour accéder au Pavillon en bois du massif du Jura, les visiteurs zigzaguent entre des cultures mises en place pour la durée de l’exposition sur des massifs garnis de terre de bonne qualité, vivante sur le plan biologique. Blé, maïs, plants de vignes et pommiers, mais aussi pieds de fraise, radis énormes, framboisiers, cassis, navets affichent des verts de catalogue, ne montent pas le moindre symptôme de maladie. Chaque plant défaillant est remplacé pour offrir à la vue un potager de rêve.
Stress hydriques plus fréquents
Le bel aspect du jardin potager à la français du à la moiteur lombarde, à la qualité du sol, mais aussi une couverture précise des besoins en eau. Le potager tricolore a un secret, qui n’est pas expliqué au visiteur : Les cultures impeccablement alignées bénéficient d’un apport en eau par goutte à goutte, sans doute une solution pour les cultures de demain probablement exposées à des stress hydriques plus fréquents.
Si le bilan hydrique annuel resta arithmétiquement positive le même, la répartition des précipitations et des ambiances humides au fil des mois sera différentes. Des cultures auront parfois trop d’eau, parfois pas assez. « Pour la vigne, qui peut se passer d’eau habituellement, il faudra se méfier des périodes de sécheresse qui la priveront de ressource. Il faudra modifier l’en-herbement qui permet de se passer d’herbicides, trouver des herbes moins concurrentes et peut être envisager d’apporter de l’eau » explique Pierre Combat, président du Comité régional viticole de Rhône-Alpes.
Dans de nombreuses régions du monde des cultures sont alimentées par le goutte à goutte. A Milan 2015, les Israéliens montrent que qu’ils savent faire. Le pavillon d’Israël, voisin du pavillon de la France, rappelle que le pays a fait pousser des céréales et des cultures en “fabriquant de l’eau”, en allant la chercher, en la distribuant avec parcimonie, dans des systèmes de goutte à goutte sophistiqués. Israël est le seul pays au monde dont la surface de forêts a augmenté depuis soixante ans.
Le goutte à goutte, essentiel
Le goutte à goutte sera sans doute un outil essentiel de l’agriculture de demain. La technique va évoluer. Il est possible de d’implanter le goutte à goutte en profondeur. Des systèmes ont été implantés à 80 centimètres pour éviter une installation annuelle et générer des économies. Cette profondeur avait été choisie pour mettre les réseaux d’eau à l’abri de labours de plus en plus profonds. Or la profondeur des labours a été réduite. Aujourd’hui, avec des labours de 30 centimètres, les goutte à goutte peuvent être implantés à cette distance du sol.
Le goutte à goutte permet d’apporter aux plantes des éléments nutritifs supplémentaires précisément dosés. C’est une des voies de l’agriculture de précision. La technique permettra aussi de suivre, par satellite le fonctionnement des réseaux d’irrigation souterrains, pour repérer besoins et défaillances…. Elle permettra d’avoir une vision plus fine de la gestion de l’eau. Pour nourrir la planète.