La fréquentation de la montagne a tendance à baisser. Les jeunes sont moins nombreux à fréquenter les sentiers, à se lancer vers les sommets. Mais la montagne ne se réduit pas à un exercice physiquement difficile , technique, et parfois risqué. Elle est aussi un milieu et une ambiance à découvrir. Une course vers un refuge, une nuit en haute montagne, permettent aussi une découverte de la nature. Le refuge de Temple Ecrins nous semble tout à fait idéal pour cette initiation en famille, entre amis.
Le Refuge Temple Ecrins ( 2410 mètres), propriété du Club Alpin Français ( CAF) est un long bâtiment reconstruit en 1941-1942 après la destruction par une avalanche du premier bâtiment plus sommaire construit au début du vingtième siècle. Temple Ecrins reste un refuge simple, un parallélépipède de bon granit au toit plat pour laisser passer une éventuelle coulée de neige. Son confort paraitra encore un peu insuffisant à certains: deux toilettes à la turque au fond du couloir où pour la toilette matinale, les quelque soixante hôtes peuvent se réveiller sous un modeste filet d’eau glaciaire. Le refuge compte deux chambres de châlits superposés sur trois niveaux, l’une Ecrins, l’autre Coolidge.
Temple Ecrins c’est une magnifique et immense terrasse ( avec tables, bancs, parasols) donnant sur l’ouest, et une bonne partie des sommets des Ecrins, au sud de la Barre des Ecrins point culminant du massif. Au sud, c’est le Mont Gioberney, le glacier de la Pilatte, les Bans, vers l’ouest le glacier des Rouies et le sommet des Rouies, la Pointe du Vallon des Etages, et plus loin, l’Olan.
Temple Ecrins, c’est l’accueil chaleureux de Florence et Guillaume. L’accueil pour la réservation, au téléphone, est chaleureux. L’accueil sur place l’est tout autant. La cuisine est roborative, originale, avec une excellente soupe de légumes parfumée au thym, fromage et dessert et apéritif maison à deviner !
Le long du Vénéon
L’accès au refuge Temple Ecrin, se fait depuis la Bérarde, en suivant la vallée du Vénéon. La Bérarde peut-être rejointe depuis Grenoble, donc depuis les villes de Rhône-Alpes en navette, avec correspondance à Bourg d’Oisans. Depuis la Bérarde, Temple Ecrins est atteint en deux heures et demie d’une marché très agréable qui permet de traverser des milieux très différents.
La marche commence, depuis le parking de la Bérarde, près de la Maison de la montagne, par une heure de montée douce sur la rive droite du Vénéon, qui descend de l’imposant glacier de la Pilatte qu’on ne tarde pas à voir au fond de la vallée, vers le sud. Ce milieu proche du torrent, à la végétation variée offre déjà une idée la profusion de la flore et de l’entomofaune de montagne. Il suffit d’avoir l’œil pour surprendre par exemple un magnifique Cuivré de la verge d’or posé sur une ombellifère. Le sentier laisse à sa droit la passerelle qui mène à la vallée du torrent du Chardon, dont le glacier mène au glacier des Rouies. Le sentier continue passe devant le refuge du Carrelet. Il laisse ensuite le sentier qui continue à longer le Vénéon pour aller en direction du refuge de la Pilatte, d’où partent des courses vers ce glacier, mais aussi vers le Mont Gioberney.
Entretien des sentiers
Le sentier de Temple Ecrins part sur la rive droite du Vénéon sur laquelle il s’élève à peine d’abord dans un environnement boisé. On marche pendant quelques minutes sur un doux tapis d’humus formé par la décomposition de bois. Le sentier grimpe ensuite en lacets très réguliers et confortables qui permettent de gagner en dénivelé. Un œil un peu averti remarquera le travail de création, de consolidation du sentier réalisé sous la houlette du Parc National des Ecrins. Soutènements par des gabions de treillis métallique, alignement discret de pierres en travers du sentier pour l’évacuation des eaux, renforcement par des grillages, arrimage par de solides piquets, élagage de la végétation, déplacements de blocs : les sentiers ne sont pas naturels. Ils n’ont plus rien à voir avec les chemins immémoriaux qui traversaient jadis la montagne. Ils sont dessinés, tracés, entretenus, insérés pour le plaisir des randonneurs et des alpinistes. Sans eux, la montagne reprendrait ses droits et redeviendrait le monde quasiment fermé qu’elle fut depuis la nuit des temps.
Le sentier se rapproche sur sa rive gauche du torrent du vallon de la Pilatte, émissaire du glacier du vallon de la Pilatte qui descend du Pic Lory et de la Barre des Ecrins. On prend de la hauteur. Les arbres deviennent rares puis disparaissent. On monte agréablement dans un environnement de pelouse, parsemée d’aster, de nigritelle, de joubarbes. On découvre petit à petit en le surplombant le Vénéon dont les méandres sont allumés en gris vert lumineux par le soleil. Sur l’autre rive, l’ombre grandit, l’air fraichit.
Plus on monte plus le soleil reste présent. Il éclaire encore largement le paysage à notre arrivée, en fin d’après midi, quand les alpinistes qui viennent pour la nuit, croisent les randonneurs de la journée qui redescendent. Le refuge Temple Ecrins peut évidemment être un objectif de sortie pour une journée, en famille, pour approche l’univers de la haute montagne.