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Un scénario d’accident à la centrale nucléaire de Bugey a servi de trame à un exercice national

Le scénario est inconnu des équipes de la centrale nucléaire de Bugey. Seul le rendez-vous est pris. Ce mardi matin, un exercice national doit être organisé pour voir comment se mettent en place le Plan Unique d’Intervention (PUI), pour le périmètre  EDF et le Plan Particulier d’Intervention, sous l’autorité de la Préfecture de l’Ain et de l’Isère, avec l’appui des Service d’Incendie et de Secours des deux départements.

Vers 8 heures 30, l’incident apparait sur les écrans de la salle de  commande du simulateur installé dans l’unité de Formation situé sur le site. Un réacteur s’est mis automatiquement en arrêt. Des barres de contrôle sont descendues pour ralentir la réaction nucléaire. Mais le réacteur est chaud et la température ne doit pas monter. Or, le niveau d’eau baisse dans le circuit primaire, qui extrait la chaleur du cœur du réacteur vers l’échangeur de vapeur qui produit la vapeur destiné à faire tourner les alternateurs. Les opérateurs de la salle de commande demandent au directeur de déclencher le Plan Unique d’Intervention (PUI) sur le périmètre de la centrale.

Dans la salle de commande, les opérateurs injectent de l’eau pour compenser les pertes du circuit primaire. Au fil de la journée, des éléments nouveaux apparaissent au fil du scénario. Et l’équipe d’ingénieurs et de techniciens qui se trouvent dans le simulateur, doit réagir. A chaque information délivrée sur les écrans, ils savent qu’ils doivent se référer à une procédure consignée dans d’épais classeurs. Ils sont une demi-douzaine, placée sous la responsabilité d’une ingénieure. Elles et ils sont aux manettes pour piloter le réacteur. En dehors de l’équipe, indépendant, une personne est chargée de surveiller les paramètres de sûreté, pour le réacteur, l’équipement et les rejets dans l’environnement en dehors de l’enceinte de confinement.

Sur le site de Bugey, environ 80  agents d’EDF suivent la situation dans les installations, en liaison avec les opérateurs de la salle de commande. Ces derniers sont aussi en liaison avec des services nationaux d’EDF, mais aussi avec des experts de l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) et avec la Mission d’Appui à la gestion des risques Nucléaires (MARN) du Ministère de l’Intérieur. En cas de situation extrême la centrale pourrait compter sur la Force d’Action Rapide Nucléaire (FARN) basée sur le site. Et si, en cas d’inondation de la centrale, la FARN de Bugey était indisponible, des colonnes de FARN d’autres régions pourraient arriver dans les 24 heures à Bugey, avec leur moyens autonomes de transmission et d’alimentation en énergie.

Pas d’improvisation dans tout cela. Tout est documenté dans les consignes. Pour une manœuvre imprévue dans les manuels, le feu vert du directeur de la centrale est nécessaire.

En cours de scénario, la situation s’aggrave. La fuite du circuit primaire a laissé échapper dans l’enceinte de confinement des effluents radioactives. La pression monte dans l’enceinte épaisse de béton, il faut relâcher des effluents dans l’atmosphère.

La contamination va sortir dans l’environnement. C’est là que d’autres paramètres interviennent. Les scénaristes sont inclus dans le scénario, des données météo, qui poussent les radionucléides dans certaines directions.

Le relais doit alors être pris par les Préfectures. Le Préfet de de l’Ain déclenché  le Plan Particulier d’intervention (PPI) pour les secteurs extérieurs au site EDF.  Des représentants de l’Autorité de sûreté Nucléaire (ASN) conseillent le préfet. Les services de l’Etat, la gendarmerie, le SAMU sont mobilisés. Les maires  sont  informés. Le PPI déclenche à son tour plusieurs mesures. La protection des habitants dans un périmètre de deux kilomètres est la priorité. Ce jeudi, des barrages routiers fictifs ont été mis en place pour filtrer la circulation, interdire l’entrée dans le secteur exposé.  Des Plans Particuliers de Mise en Sûreté ont été déployés pour évacuer les écoliers de Saint-Vulbas et de Hières sur Amby.

Ce mardi à Bugey, pas de victimes, par d’irradiation. En fin de journée l’heure est au bilan pour  un long débriefing.

michel.deprost@enviscope.com

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