Abeilles: le parasite Nosema infeste le Nord-Est de la France

Des dépopulations de ruchers sont constatés depuis plusieurs semaines dans le Nord-Est de la France. Le département du Haut Rhin est particulièrement touché. Des investigations réalisées par les professionnels apicoles, la direction départementale des services vétérinaires du Haut-Rhin et le Service régional de la protection des végétaux de la Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt Alsace, ont mis en évidence la présence massive de Nosema ceranae.
Noséma Ceranae est un organisme unicellulaire à l’origine de la nosémose, maladie contagieuse qui, combinée aux mauvaises conditions climatiques d’avril et de mai et à la présence de varroa (acarien parasite de l’abeille) peuvent contribuer, selon la Préfecture du Haut Rhin, à expliquer les dépopulations d’abeilles. Un arrêté préfectoral pris le 1er juillet a déclaré infecté l’ensemble du Haut-Rhin. La nosémose n’est pas contagieuse pour l’homme et tous les produits issus de la ruche (miel, pollen, gelée royale, cire, propolis…) restent propres à la consommation humaine.


Travaux en Espagne


La présence de la nosémose dans un département déclaré “infecté” confirme le rôle de Noséma ceranae, de plus en plus mis en évidence dans les pathologies des abeilles. Mariano Higes, chercheur au Laboratoire de Pathologie de l’Abeile du Centro Apícola Regional ( Marchamalo, Espagne) a mis en évidence avec d’autres chercheurs espagnols, le rôle de ce parasite.


Ces dernières années, Nosema ceranae, hôte de l’abeille asiatique Apis ceranae, semble avoir colonisé Apis mellifera, l’abeille élevée pour la production de miel. Il est fréquemment détecté dans le monde entier, dans les colonies en bonne santé, mais aussi dans les colonies affaiblies. Noséma est présent en France depuis 2002, comme l’ont montré des recherches de l’AFSSA.


Pour la première fois, l’équipe de chercheurs espagnols a montré que N. ceranae peut provoquer des effrondrements soudains qui longtemps n’ont pas été expliqués. Mariano Higes voit un lien possible entre l’infection et les effondrements de colonies constatés en plein champ.


Agent silencieux


Les signes d’affaiblissement de colonies ne sont pas visibles avant que la reine soit incapable de remplacer les abeilles infectées. Cette longue période asymtomatique peut expliquer l’absence de signes avant l’effondrement de la colonie. De plus les résultats des recherches montrent que des colonies saines, proches de colonies infestées peuvent à leur tout être infestées.


Les chercheurs constatent que le phénomène d’effondrement de ruches à travers le monde, est parallèle à l’expansion du protozoaire. Noséma a été signalé en dehors d’Asie dans quatre continents où sa présence est bien confirmée, alors qu’il n’existe pas de données pour l’Afrique. Le lien avec l’effrondement graduel de populations, avec des morts de colonies à l’automne ou en hiver, et des productions de miel faible. Le risque de dépopulation de colonies est six fois plus important dans les colonies infectées que dans des colonies saines.


L’infection par Noséma peut être contrôlée, rappellent les chercheurs espagnols, par l’administration de 120 milligrammes de fumagallin, antibiotique spécifique qui peut éliminer l’infection ( 1). Un inconvénient important existe néanmoins: les produits d’une ruche dont les abeilles ont été traitées par antibiotique ne peuvent être commercialisés.


michel.deprost@enviscope.com


1) Voici des précisions apportées par un lecteur vétérinaire. La “fumagallin” ou Fumagilline est classée comme antiparasitaire par son activité. En France un seul médicament contient ce principe actif , un médicament à usage humain dont l’usage est restreint aux hopitaux… (www.vidal.fr). Aujourd’hui AUCUN MEDICAMENT VETERINAIRE en FRANCE à base de FUMAGILLINE ne bénéficie d’une Autorisation de Mise sur le Marché. Le “Fumidil B” à base de Flumagilline, n’est plus autorisé en France depuis 2002 , par manque de données européennes sur l’impact sur la santé du miel issu de ruchers traités avec ce médicament. Pour davantage d’information: www.apivet.euou www.apiculture.com (fnosad)





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