Christophe Guilloteau, président du Conseil départemental du Rhône suggère que tous les acteurs présents à une réunion au ministère “ réfléchissent ensemble à la modernisation de l’autoroute A 47 pour éviter de réaliser l’A 45.” La Rhône ne paiera pas pour une infrastructures qui menace un de ses territoires les plus riches.
Réunir les territoires, bonne idée. Mais est-suffisant? La situation semble totalement bloquée car depuis des années, les relations entre Lyon et Saint-Etienne n’ont été l’objet d’aucun débat à la hauteur des enjeux. Ce sont des approches contradictoires sur le fond qui ont été privilégiées.
La raison est claire : c’est l’opposition irréductible entre Lyon et Saint-Etienne qui ne parviennent pas à dialoguer. Le Pôle Métropolitain lancé en 2012 à grand renfort de communication par Gérard Collomb, a servi seulement de marche-pied pour la Métropole de Lyon et son ” modèle”… Il n’a strictement rien produit. De le poudre aux yeux. Il a servi à promouvoir le festival de jazz de Vienne, mais surtout pas à évoquer les grands sujets : le développement économique, le développement urbain, la répartition des activités, les flux de personnes et de marchandises, les infrastructures. Il a ignoré des territoires intermédiaires.
Le pôle n’a pas appliqué la loi. Il devait selon la loi de 2010 travailler sur le ” développement des infrastructures et des services de transport au sens des articles L1231-10 à L du code des transports.” Or, ce travail n’a jamais été fait, ni même envisagé. Le pôle devait travailler sur le développement économique, un travail mieux fait par ailleurs et par d’autres. Il devait s’occuper de ” promotion de l’innovation, de la recherche, de l’enseignement supérieur et de la culture.” dont s’occupent mieux d’autres acteurs. On cherche le bilan. Il devait s’occuper ” d’aménagement de l’espace par la coordination des schémas de cohérence territoriale dont le périmètre est identique à celui des EPCI qui composent le pôle.” Le pôle s’est intéressé à la Biennale d’art contemporain de Lyon qui n’était pas du tout dans ses prérogatives. Il s’est occupé de ce qui ne fâchait pas et qui était annexe. Il ne s’est pas occupé de que pouvait être objet de discussion et qui était essentiel.
Jamais en tous les cas le Pôle ne s’est penché sur la question des infrastructures entre Lyon et Saint-Etienne ou sur le trafic quotidien.
Mais il n’a pas été le seul à faillir, la Région non plus n’a pas fait son travail, quelles qu’aient été les majorités régionales. Le dossier Lyon-Saint-Etienne a été glissé sous le tapis. Aucun président du Conseil régional n’a cherché à réunir autour d’une table tous les élus des deux agglomérations et des territoires intermédiaires. L’autoroute Lyon Saint-Etienne n’avait pas fait l’objet d’un débat public et jamais aucun débat global n’a été lancé, pour étudier le dossier et pour trouver des solutions innovantes.
Il faudra quand même que ce débat occulté se déroule, au grand jour, avec des chiffres sur la table, des expertises. Les ressources scientifiques ne manquent pas sur le territoire pour apporter des réflexions. Lyon est-il destiné à aspirer l’activité et à laisser ruisseler ce qui veut bien ruisseler ? Les élus lyonnais considèrent-ils que Saint-Etienne est pour toujours la banlieue de Lyon ? Le marché du logement va-t-il encore tomber à Saint-Etienne et l’écart se creuser avec Lyon ? Les deux métropoles peuvent-elles vraiment coopérer dans le cadre d’un développement durable qui intègre des territoires intermédiaires oubliés par tous ? La question reste entière.
