Quel est l’impact des produits phytosanitaires sur la santé des agriculteurs? Le DR Surot, de la MSA des Alpes du Nord, explique qu’il y a beaucoup d’incertitudes alors que des incertitudes, notamment sur le long terme, mènent à des affirmations non corroborées, et même ” à des croyances”
La Mutualité Sociale Agricole, rappelle le DR Surot, étudie des professionnels qui sont en quelque sorte des sujets sentinelles, au milieu du “brouillard de produit”
Les professionnels sont exposés au moment de la préparation où ils sont mis en contact avec les produits,comme au moment de l’application. Ils utilisent aussi des équipements de protection individuelle qui sont insuffisants, voire dangereux, alors que la protection individuelle n’est pas intégrale. Il faudrait imaginer la dispersion de phytosanitaires comme une intervention en milieu chirurgical qui viserait à une protection totale.
Pour la population générale, estiment le Dr Surot, les phytosanitaires font partie de la pollution ambiante puisqu’ils se retrouvent dans l’air et dans les eaux.
Le Dr Surot, explique que les phytosanitaires sont suspects. « En effet, probablement toxique pour la reproduction, perturbateur endocrinien, allergies. Mais rien n’est prouvé sauf en ce qui concerne les effets immédiats, qui peuvent être vérifiés sur l’animal au moment de l’étude toxicologique. L’intoxication massive est ce qui se voit en cas incident on observe des troubles généraux, avec exposition unique par des doses massives. Les effets à long terme peuvent survenir dans un délais de quelques semaines plusieurs années, mais on a du mal à isoler les phytosanitaires d’autres causes ». Pour les intoxications aigües, le Dr Surot signel que le réseau Phyt’Attitude, fournit des signalement spontanés à hauteur 200 expositions par an, 70% des expertises prouvant une imputabilité des pesticides.
Pour les liens entre les phytosanitaires et le cancer, le Dr Surot rappelle qu’aucun lien n’ est attesté. Il souligne que l’incidence des cancers est plus faible dans les populations agricoles que dans le reste de la population. Mais des cancers de la prostate, par exemple, sont plus fréquents. Le Dr Olivier Surot explique que des effets combinés peuvent exister entre les phytosanitaires et les gaz d’échappement.
Une étude en cours permettra de cerner plus précisément certaines incidences plus élevées. C’est ainsi qu’en Isère, les cancers de la lèvre, de la peau seraient plus nombreux chez les agriculteurs, ce qui pourraient dû aux effets du Soleil. De même, la prévalence de la maladie de Parkinson ( 3,5 fois plus chez les agriculteurs) est difficile à expliquer tant les causes peuvent être multiples et mêlées.
Mais ce constat du Dr Surot a été contesté, ce matin, lors de la réunion ” zéro phyto”, par un médecin du Grésivaudan qui a rappelé qu’il fallait être plus que prudent par rapport aux insecticides.