Fruit de la coopération en Rhône-Alpes de start-ups et d’énergéticiens spécialistes de l’hydrogène-énergie, avec l’aide des collectivités territoriales, le programme HyWay initie le modèle français de développement de la filière.
« Cela fait 10 ans que nous travaillons sur le projet hydrogène », nous confie Joëlle Seux, directeur délégué de l’AEPI l’agence économique de l’Isère. Et maintenant nous y sommes, grâce à la persévérance des promoteurs du programme HyWay, la filière de la mobilité hydrogène est en train de voir le jour.
La difficulté, c’était de réunir toutes les parties prenantes du projet et celles-ci sont nombreuses. Rien que pour la partie grenobloise[1], ce sont 12 entreprises et collectivités impliquées dans la mise en œuvre, à monter sur l’estrade du concessionnaire Renault partenaire de l’opération. Et ce sans compter les acquéreurs des véhicules, comme La Poste, les Ciments Vicat ou encore Schneider Electric et Serfim.
C’est Tenerrdis en sa qualité de pôle de compétitivité centré sur l’énergie, qui a la délicate mission de coordonner les différents acteurs : Symbio FCell, le fabriquant du prolongateur d’autonomie ; Air Liquide, le fournisseur des trois premières stations d’hydrogène, dont une installée sur son site de Sassenage ; Cofély l’installateur de la future station de GEG, sur la presqu’ile Grenobloise ; McPhy Energy fabriquant de l’électrolyseur, qui approvisionnera ce dernier équipement.
Le projet a démarré avec le soutien financier de l’Ademe et de la Région, qui permettent aux premiers acquéreurs d’avoir un véhicule, ayant un coût d’usage comparable à celui d’un véhicule diesel.
C’est d’ailleurs l’objectif annoncé par Pierre-Etienne Franc, vice-président d’Air Liquide AB&T. A 10€ du kilogramme d’hydrogène pour l’utilisateur, soit 100 km, on est au coût du diesel… pollution et GES en moins !
L’hydrogène mobilité une filière émergente
Le projet HyWay, issu d’une technologie du CEA et lancé en 2014, est la première pierre d’un développement du véhicule électrique hydrogène en France.
D’autres pays comme l’Allemagne qui équipe ses autoroutes de stations-service, ou du Japon qui a un projet de construction de 100 stations, ont pris des orientations différentes.
Les Français au sein de l’Afhypac, d’ailleurs présidée par le rhônalpin Pascal Mauberger, et du consortium Mobilité Hydrogène France, ont fait le choix d’appuyer le développement de la filière sur des flottes utilitaires captives. Elles ne nécessitent pas de développements aussi considérables d’infrastructures de recharge, puisque les véhicules peuvent faire le plein le soir de retour à leur base.
Déjà Saint-Lô et le Département de La Manche ont grillé la politesse à Rhône-Alpes, en se faisant livrer leurs tous premiers véhicules. Et les prochaines villes pouvant faire partie du futur appel à projet du fonds européen Feder, sont identifiées : Luxeuil, Sarreguemines, Dôle,… et d’autres devraient suivre et générer chacune une vingtaine d’achats de nouveaux véhicules (seuil de rentabilité pour établir une station-service d’hydrogène).
Un développement qui permettrait à Fabio Ferrari, le président de Symbio FCell, d’atteindre son objectif de 200 véhicules d’ici la fin de l’année.
La France démontre toute sa légitimité en s’appuyant sur des acteurs régionaux d’envergure nationale, qui disposent de savoir-faire et d’expertises unanimement reconnus au niveau mondial.
[1] Le projet rhônalpin HyWay prévoit la mise en service de 50 véhicules à hydrogène, pour moitié sur les sites de Lyon et de Grenoble.