L’énergie solaire absorbée par la surface du continent antarctique dépend de l’albédo de la neige, c’est-à- dire de sa « blancheur ». L’albédo dépend de la taille des grains de neige.
Les particules de la neige déposées en surface grossissent d’autant plus vite que la température est élevée. Le grossissement induit une diminution de l’albédo, ce qui augmente les températures.
Les nouveaux travaux de chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE – CNRS / UJF) et de l’unité mixte internationale Takuvik (CNRS / Université de Laval), montrent que cet effet est partiellement compensé par une rétroaction négative.
Des satellites observant la surface de l’Antarctique dans les longueurs d’onde micro-ondes, les scientifiques ont montré que, lors des étés marqués par des chutes de neige estivales fortes, l’albédo n’avait pas changé significativement. La surface est recouverte de grains de neige fins qui se renouvellent constamment.
Dans le futur, le réchauffement du climat devrait augmenter les précipitations neigeuses en Antarctique. Dans un scénario climatique où la température en Antarctique s’élèverait de 3°C, l’accroissement des précipitations augmenterait l’albédo de 0,4%. Ceci compenserait les 0,3% de diminution de l’albédo due à la montée des températures.
Malgré un réchauffement important de l’Antarctique, l’albédo ne variera que très peu sur une grande partie de ce continent. Les prévisions de réchauffement devraient être revues à la baisse de 0,5°C pour le centre du continent Austral.
Ces travaux ont bénéficié des soutiens de l’Institut polaire français (IPEV), de l’ANR et du CNRS à travers les programmes LEFE et PNTS.
michel.deprost@enviscope.com
Bibliographie
Inhibition of the positive snow-albedo feedback by precipitation in interior Antarctica. G. Picard, F. Domine, G. Krinner, L. Arnaud and E. Lefebvre. Nature climate change. 1er juillet 2012.