– Michèle Rivasi, vous êtes députée européenne. On vous connaît pour votre engagement dans l’écologie et la protection de l’environnement. Pouvez-vous présenter en quelques mots vos différentes activités ?
Au parlement européen je suis membre de la Commission environnement-santé et industrie, recherche, énergie. Je m’occupe plus particulièrement des sujets à la santé, rapport sur la gestion de la grippe H1N1 en Europe, contrôle des médicaments et leurs effets, biocides, ondes électromagnétiques, et à l’énergie notamment le nucléaire, les énergies renouvelables et le nouveau scandale du gaz de schiste. Je suis également vice présidente de la délégation de l’assemblée paritaire Afrique-Caraïbes-Pacifique Union européenne qui agit, entre autres, sur la politique de développement et les droits de l’Homme. Par ailleurs je reste très investie dans ma grande circonscription du Sud Est avec des déplacements chaque semaine en Provence Alpes Côte-d’Azur et en Rhône-Alpes, et notamment dans ma ville, à Valence, où je suis conseillère municipale. J’y soutiens des combats locaux comme les agriculteurs victimes de la Sharka, l’opposition aux antennes relais ou encore la protestation citoyenne contre le broyeur de véhicules ultra-polluant GDE.
– Vous résidez dans la région Rhône-Alpes, un lieu où la chimie et le nucléaire sont très présents. Que pensez-vous de l’étude de l’Observatoire de Santé Rhône-Alpes, parue en 2010, sur les éventuels risques pour la population autour de la centrale nucléaire du Tricastin ?
Cette étude a été réalisée sous la pression de la Fédération Rhône Alpes de Protection de la Nature et de moi même qui avons poussé le Conseil Général de la Drôme à la cofinancer avec l’Etat. Elle devait être en deux parties. La première partie, essentiellement descriptive, dont nous avons les résultats montre des agrégats de cancers du pancréas dans certains secteurs. Ce résultat n’est pas négligeable et il faut poursuivre la seconde partie de l’étude pour connaitre les causes éventuelles de tels cancers. Cependant le Conseil Général refuse d’entamer l’autre moitié de l’étude.
– Quels dossiers majeurs allez-vous traiter au cours de cette année 2011 et qui concernent plus particulièrement les Rhônalpins ?
En cette année 2011 j’ouvre le grand et épineux dossier de la santé. L’année commence d’ailleurs par l’adoption en commission de mon rapport parlementaire sur la gestion de la grippe H1N1 en Europe. Il met en lumière le manque d’efficacité du système sanitaire européen ainsi que les conflits d’intérêts à l’origine de réactions disproportionnées de nombreux pays parmi lesquels la France figure en bonne place. Ce rapport est pour moi l’aboutissement d’une vraie réflexion sur la santé au niveau européen et français. D’ailleurs je trouve totalement inacceptable que les eurodéputés UMP aient rejeté la proposition demandant la vérification des déclarations d’intérêts des experts conseillant les institutions européennes. Ce refus est incohérent vis à vis de l’émoi politique général en France sur l’affaire du Médiator et les propositions de leur ministre Xavier Bertrand. Plus proche des Rhônalpins, je m’emploie à dénoncer le scandale du gaz de schiste. L’extraction de ce gaz non conventionnel va défigurer nos paysages et risque de polluer de manière irréversible les nappes phréatiques. Des exemples nord américains nous démontrent combien les risques sont élevés. Alors que l’on devrait investir massivement dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables le gouvernement continue de s’accrocher aux vieilles énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre et dangereuses pour la santé et l’environnement.
– Comment parvenir à conjuguer l’environnement et le développement économique dans la région ?
L’environnement est en réalité une force pour le développement économique et l’emploi. La transformation écologique de l’économie doit nous amener à créer de nouveaux emplois non délocalisables dans des filières au service des territoires et de leurs habitants. Pendant trop longtemps on a pensé qu’il suffisait de croître, de s’étendre pour vivre heureux. Aujourd’hui on atteint un point de rupture qui nous pousse à repenser nos modes de production et de consommation. Nous devons ancrer l’économie dans le local, privilégier les circuits courts et soutenir des projets industriels qui créent de la richesse pour les territoires. Il y existe des solutions innovantes et créatrices d’emplois dans lesquelles nous devons investir pour rompre avec “une économie hors sol” qui ne fait que concentrer la richesse au lieu de la distribuer.
– Quels vœux souhaitez-vous formuler aux lecteurs d’ENVISCOPE pour cette nouvelle année ?
Il s’agit aussi en cette nouvelle année de revenir à l’optimisme. La crise nous enfonce dans le cynisme et nous désespère d’alternatives. Or nous n’avons pas à subir l’avenir, il nous faut le provoquer et le construire ensemble. Je vous souhaite donc beaucoup de joie, de convivialité et de plaisir pour cette année 2011. On a trop souvent sacrifié l’essentiel pour l’urgence, il faut revenir à l’urgence de l’essentiel. L’essentiel c’est la convivialité, mieux prendre soin de nous, de ses proches et de la planète.
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