Après une procédure de trois ans, en janvier 2012, l’Etat avait mis en demeure Modus Valoris, l’exploitant de la plateforme de Bourgoin-Jallieu de procéder à l’enlèvement des 60 000 tonnes stockées en excédent sur le site. En effet un décret d’application de juillet 2012 limite à 100 000 tonnes le stock maximum autorisé sur un site. « Malgré de premières réunions houleuses et “énergiques”, un accord plutôt encourageant a été trouvé en mars dernier », déclare la Frapna Isère. Les mâchefers ont trouvé preneurs sur le chantier de l’A432 à proximité de l’aéroport Saint-Exupéry et sous l’emprise du nouveau tramway de la presqu’île scientifique grenobloise. Le problème c’est qu’il faut qu’ils soient protégés et confinés, cela rend le chantier forcément plus onéreux.
Enfin même si elle « garde l’œil et sera vigilante sur les conditions de recyclage des futurs mâchefers qui sortiront de la plateforme », la Frapna a pu retirer sa plainte après que le site ait été contrôlé par la Dreal. Il faut maintenant tirer les leçons de cette histoire, c’était le rôle dévolu à une séance de travail réunissant, le 10 avril dernier, le Conseil général de l’Isère, l’Ademe, la Dreal, les deux instances de coopération que sont la Covade et la CSA3D1, la Frapna et l’Apie.
Tirer les leçons et bâtir un plan d’actions
Selon le Sindra2, les 16 incinérateurs de Rhône-Alpes ont produit 245 000 tonnes de mâchefer en 2012. Ceux-ci sont ensuite stockés sur des plateformes de maturation3, dont la plus importante est située à Saint-Quentin-sur-Isère.
Se pose alors la question de la valorisation et de l’utilisation. Plusieurs pistes ont été proposées notamment par la Coopération du sillon alpin (CSA3D), pour qui de nombreux freins existent : acceptation du produit, diminution actuelle des travaux de génie civil, réglementation plus stricte,…
A l’issue de l’enquête effectuée avec Amorce4, la priorité numéro 1 serait « la possibilité d’imposer l’utilisation des mâchefers dans les marchés publics de travaux de voirie ». La procédure est en cours avec le Conseil général de Savoie. Une sensibilisation des élus et techniciens à l’utilisation des mâchefers dans les ouvrages routiers devrait aussi être engagée.
Enfin, sont étudiés d’autres procédés, comme la vitrification, qui fait l’objet d’un programme test de prototype à l’échelle 1/10e à Chambéry. Si le système est éprouvé techniquement, en revanche il est très énergivore. Même si la gazéification des déchets bruts pourrait apporter un complément, qui serait brûlé dans le four de vitrification.
1 CSA3D – Charte de Coopération du Sillon Alpin pour le Dévelopement durable Déchets, qui réunit le Sila (Annecy), Savoie Déchets, le Sibresca (combe de Savoie), la CC de l’Oisans, la Métro, la CCAPV (Voiron), le Sytrad (Drôme-Ardèche).
Covade – Charte de Coopération pour la Valorisation des Déchets, qui réunit le Grand Lyon, Organom (Bourg-en-Bresse), le Sitom Nord-Isère, le Sytraival (Beaujolais Dombes).
2 Sindra : Système d’INformation des Déchets en Rhône-Alpes
3 Maturation : De trois mois à un an, la maturation permet de stabiliser les caractéristiques chimiques : oxydation naturelle du mâchefer, carbonation de la chaux, baisse du potentiel d’hydrogène, réduisant ainsi le potentiel polluant du mâchefer.
4 Amorce : Association nationale, dont le siège est à Lyon, des collectivités, des associations et des entreprises pour la gestion des déchets, de l’énergie et des réseaux de chaleur.
