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Les agriculteurs ouvrent leur porte aux consommateurs

Les 26 et 27 avril, 253 fermes de cinq départements de Rhône-Alpes ouvriront leur portes pour des agriculteurs puissent faire déguster leur produits, proposer des animations, nouer le dialogue. Ce premier week-end « De ferme en ferme » est organisé par la Fédération des CIVAM (Centres d’Initiatives pou Valoriser l’Agriculture Durable et le Monde rural) avec le soutien de la Région Rhône-Alpes.


Les 3 et 4 mai, c’est l’opération « Prenez la clé des champs » qui se déroulera en Isère et en Savoie, organisée par les chambres d’agriculture de l’Isère et de la Savoie. Là ce sont 97 agriculteurs qui ouvriront leur porte. Une ferme sur cinq participe pour la première fois à l’opération. Quarante mille visiteurs sont attendus. La Haute Savoie enfin, prépare aussi son week-end « Bienvenue à la ferme ».


Prix de l’alimentation


Cette mobilisation reflète bien l’envie d’une bonne partie des agriculteurs de continuer à s’ouvrir au reste de la société, au monde citadin, aux consommateurs.


L’agriculture qu’on croyait marginalisée, réduite à au rôle de fournisseur de matière première industrielles, revient en force dans les préoccupations sociales. Le prix de l’alimentation est un souci dans les pays développés comme dans les pays les plus pauvres. La qualité, le rôle de l’alimentation pour la santé, le rapport entre agriculture et technique (pesticides, OGM), le goût, la saveur, des traditions, sont des préoccupations complètement actuelles.



Installations en dehors du cadre familial



Le problème, Gérard Seigle Vatte, président de la Chambre régionale d’Agriculture, président de la Chambre de l’Isère, exploitant lui-même en GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) près de Paladru (Isère), en est tout à fait conscient. Il comprend difficilement qu’on ait demandé aux agriculteurs de produire moins, pour leur dire aujourd’hui de produire davantage. Pour lui le « libéralisme ne peut pas être une solution». La Chambre Régionale d’Agriculture veut défendre les agriculteurs, des productions de qualité, faciliter les installations de nouveaux exploitants qui ne viennent pas du monde agricole. « Entre 30 et 40% des jeunes qui s’installent ne le font pas dans le système père-fils. En Isère, 50% des installations se réalisent en dehors du cadre familial».



Développement rural solidaire




La Région Rhône-Alpes a aussi fait de l’agriculture un dossier important. Eliane Giraud, vice-présidente chargée de l’Agriculture, du Développement Rural, et du parc Naturels Régionaux reconnait que la collectivité n’est pas toujours d’accord avec toutes les options du monde agricole. La Région a dit un non ferme aux OGM dans l’état actuel du dossier. Bien des agriculteurs ne font que s’interroger.


Mais on discute. Et sur bien des points, le point de vue de la Région est partagé. La Région insiste sur la diversité des territoires. « Le territoire de Rhône-Alpes est aux trois quarts en montagne. Nous sommes dans une région très variée et nous devons favoriser cette diversité» explique Eliane Giraud. Rhône-Alpes compte 120 labels ou appellations, mais ces protections sont parfois fragiles. La Région a mis en place en 2005 un Plan Régional pour l’Agriculture et le développement Rural qui « milite pour un développement solidaire».


Quarante territoires vont bénéficier d’un Plan Stratégique Agricole et de développement Rural, qui inclut depuis 2007 un volet d’aide à l’installation. Huit cents installations sont aidées chaque année. La région aide des filières, des plans de développement intégrés (autour d’une production, de l’amont à l’aval).


Approcher le consommateur


Il ne suffit pas de produire, il faut approcher le consommateur. C’est le sens des opérations « De ferme en ferme « et « Prenez la clef des champs », financées à hauteur de 98 500 euros par la Région. L’objectif est de rapprocher davantage producteurs et consommateurs. Les initiatives sont nombreuses. La Région soutient le bio dans les lycées. La vente directe se développe. Gérard Seigle Vattel explique que des agriculteurs créent des boutiques collectives. Les AMAP (Association Pour le Maintien d’une Agriculture paysanne) fonctionnent bien dans plusieurs secteurs, avec des centaines de paniers par semaine sur Lyon ou Grenoble.


Il faut néanmoins aller plus loin. Pour favoriser le raccourcissement des circuits, il faut imaginer des plates formes où les producteurs livrent leur production. Des projets sont à l’étude. Il faut aussi penser aux prix des produits, pour les rendre accessibles aux plus grand nombre. Un chantier qui durera plus que quelques journées portes ouvertes.



Michel.deprost@free.fr


1) Fédération des CIVAM : www.civam.org Coordination régionale serge.villard@educagri.fr


2) Opération de ferme en ferme : www.defermeenferme.com


3) En 2008, Rhône-Alpes consacrera 36,2 millions d’euros. Rhône-Alpes compte 45 000 exploitations, soient 8,4% des exploitations françaises. L’agroalimentaire emploie 40 000 personnes, et l’agriculture 6000. Trente pour cent des exploitations livrent des productions bénéficiant d’un label.

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