Alors que les Pyrénées étaient dévastées par des crues torrentielles, « vendredi dernier, le débit de l’Isère à Grenoble était de 700 m3 par seconde » annonce Rémy Garçon, expert hydrométéorologue, contre 180 m3/s en temps normal. Le problème, c’est « d’être capable d’anticiper ces très grandes variations de débit » ajoute-t-il. C’est un des 12 métiers de la Division Technique Générale, une unité de pointe d’EDF composée de quelque 700 ingénieurs, techniciens et doctorants, dont les trois quarts des effectifs sont basés à Grenoble.
Un outil de crise et de gestion prévisionnelle à court et moyen terme
L’hydrométéorologie est la science de la prévision, au carrefour de l’hydrologie et de la météorologie. C’est le travail de Damien Puygrenier, animateur du pôle Prévisions de la DTG, dont l’équipe de 65 personnes fournit tous les jours des bulletins au service des autres unités d’EDF. A partir de 1 100 points de mesure équipés de pluviomètres, nivomètres (à rayonnement cosmique pour la densité de la neige), stations météo et échelles de mesure de niveau d’eau, elles établissent les scénarios du cycle de l’eau : une fourchette haute et basse de prévision des débits des cours d’eau, des précipitations, des températures des eaux, des apports de la fonte des neiges, mais aussi des limons, des rafales et des épisodes de neige collante pouvant affecter les installations d’acheminement de l’électricité.
Anticiper, pour les heures qui viennent ou plusieurs mois à l’avance, les débits est très utile à la production d’électricité, mais permet également le respect du cadre réglementaire pour la vie piscicole, les matières en suspension, l’atteinte de la côte touristique (niveau de l’eau dans les barrages en été).
Réchauffement climatique et précipitations
A la tête de cette masse considérable de données, les ingénieurs de la DTG possèdent des séries statistiques longues, depuis 1946, sur l’évolution de la température et la pluviométrie. En ajoutant des études de dendrochronologie (études des cercles de croissance des arbres), ils arrivent à pousser la série sur deux siècles. Pour les températures, on voit nettement le réchauffement, mais en ce qui concerne les précipitations, pas de hausse ni de baisse tendancielle, « les fluctuations l’emportent sur la tendance » indique Rémy Garçon, commentant les relevés de débit mesurés sur la Durance.
POUR EN SAVOIR PLUS
EDF gère un volume 7,5 milliards de m3 d’eau nécessaires à la production hydroélectrique et au refroidissement des centrales nucléaires et thermiques
EDF en Rhône-Alpes : La délégation régionale d’EDF, dirigée par François Corteel produit 100 milliards de KWh/an (85 nucléaire, 15 hydraulique) ; 16 000 emplois, 1000 embauches / an + 500 contrats d’apprentissage ; 130 barrages et 120 centrales hydroélectriques.
DTG : Créée en 1946, la Division Technique Générale est une unité d’ingénierie dirigée par Gilles Feuillade. 5 sites d’implantation en France, dont Grenoble est le principal. Développe à travers ses 12 métiers des techniques de sécurité, performance et optimisation au service des trois parcs de production (nucléaire, thermique, hydraulique).
Parmi ceux-ci, la DTG a également développé la surveillance à distance des installations, en implantant des capteurs intelligents (près d’une centaine par unité hydraulique). Cette technique d’e-monitoring, qui permet de prévenir les défaillances des matériels, selon un protocole séquencé en 3 phases, a été développée à partir des centrales pilotes de Grandmaison (38), La Coche (73) et Sisteron (05). Cela a permis d’identifier les 240 turbines, qui en France (77 en Rhône-Alpes) seront équipées de capteurs.
