Alors que les nanotechnologies sont au centre d’un débat quant à leurs effets possible sur la santé et l’environnement, le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (CLARA) rappelle qu’il conseille les entreprises qui mettent au point des outils pour lutter contre le cancer.
Le CLARA a mis en place il y a quelques années, une cellule « Nanotechnologies et Cancer » unique en France pour aider les entreprises à développer des nano-outils pour la lutte contre le cancer. La cellule a été lancée en partenariat avec les Hospices Civils de Lyon, devant le manque de repères concernant la réglementation des études et de la mise sur le marché des agents biologiques issus de la recherche en nanotechnologies. L’objectif est d’accompagner les projets impliquant les nanotechnologies en phase de transfert chez l’homme et d’apporter des conseils et des réponses dans les domaines de la qualité, de la toxicologie réglementaire et de l’efficacité clinique. La cellule est particulièrement utile aux petites entreprises qui ne bénéficient pas de moyens de recherches lourds.
Depuis 2008, la cellule a accompagné cinq projets utilisant des nanotechnologies pour le diagnostic ou la thérapie en cancer. Ont ainsi bénéficié de conseil, les démarches pour des nanoparticules efficaces sur le glioblastome, l’utilisation de l’imagerie moléculaire au service du diagnostic in vivo, un dispositif d’analyses miniaturisées pour le diagnostic in vitro, et des transporteurs ultra miniaturisés pour un diagnostic plus précis et une délivrance de médicaments ciblée.
Marquage cellulaire
La société Nano-H s’est appuyée sur l’expertise de la cellule du CLARA pour mettre en place la stratégie de développement de ses nano-matériaux. Créée en 2004 Nano-H, développe et utilise une technologie innovante de fabrication de nouveaux matériaux à partir de nanoparticules hybrides. Ces nanoparticules sont utilisées pour fabriquer des traceurs pour le marquage cellulaire, dans l’imagerie médicale et la thérapie (in-vivo et in-vitro). De nombreuses propriétés rendent en effet ces nanoparticules hybrides détectables par optique, magnétisme, radioactivité et capture de neutron.
Ces nano-hybrides permettent de réaliser des sondes de très haute sensibilité capables d’abaisser les seuils de détection actuels, pour repérer l’existence d’une tumeur à un stade précoce. Les nano-hybrides permettent aussi de produire de nouveaux agents de contraste pour l’industrie de l’imagerie médicale et des agents thérapeutiques possibles capables de pénétrer le marché du traitement du cancer.
Nano-H a été lauréate du concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes du ministère délégué à la recherche en 2004.
Une législation en construction
« La cellule du CLARA a permis de mettre en place une stratégie de développement des essais pré-cliniques et cliniques qui minimise les risques pour l’entreprise », commente Cédric Louis, président de NANO-H. « Pour le domaine spécifique des nanotechnologies, la législation est en construction et les conseils de la cellule nous ont permis de prendre la décision véritablement stratégique de nous soumettre au dispositif de l’autorisation de mise sur le marché spécifique aux médicaments plutôt qu’au régime moins contraignant des dispositifs médicaux. Ce choix prudent est dicté par le caractère extrêmement innovant des nanotechnologies. Les nombreux essais dans lesquels nous engage le processus d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) visent à contrôler la sécurité d’emploi des produits pour les personnes. C’est une démarche que nous avons eu dés le départ en contrôlant rigoureusement l’environnement des nanotechnologies du point de vue de la protection des personnes qui les manipulent. La cellule réglementaire nous aura fait gagner du temps dans notre prise de décision en nous fournissant les éléments pour minimiser nos risques et accroître le potentiel de nos travaux ».
michel.deprost@enviscope.com à partir du dossier fourni par le Cancéropôle.