« On aimerait un petit coup de pouce sur tout ce qui est normatif et au moins que le mot ” hydrogène ’’ soit présent dans les marchés d’Etat » lançait Fabio Ferrari, président de SymbioFCell, qui en tant qu’hôte de la rencontre ouvrait les interventions. Le ton était donné. Si les industriels de l’hydrogène ne sont pas moroses, leur marché étant en forte croissance, pour beaucoup ce n’est pas en France que ça se passe.
La législation française est trop contraignante
« On est vraiment dans deux mondes différents. En Allemagne, on prend son véhicule et on fait le plein d’hydrogène en plein centre-ville » ajoute Pascal Mauberger, dont l’entreprise McPhy Energy, vient d’être retenue pour un projet sur l’aéroport de Berlin. La réglementation n’est pas souple en France, mais le faible nombre de stations d’approvisionnement est un frein également.
Il manque notoirement de points d’approvisionnement en hydrogène
C’est ce que rappelle Xavier Vigor, directeur général d’Air Liquide Advanced Technologies, poids lourd du secteur avec ses 40 ans d’expérience dans la production d’hydrogène : « 50 stations-service d’hydrogène prévues en 2015 en Allemagne, 100 au Japon, 50 en Corée,… » Il attend également des autorisations pour les chariots élévateurs et comme le redira après lui Marianne Julien, présidente de l’Afhypac1 « un soutien politique et des collectivités pour les véhicules et les bus à hydrogène ».
Des propositions du préfet pour créer une « filière émergente »
Jean-François Carenco n’est pas insensible à ces attentes. Son expérience au ministère de l’Ecologie et de l’Energie lui permet de savoir de quoi il retourne. Il fait deux propositions :
1- Comment progresser ? Pour cela il charge le pôle de compétitivité Tenerrdis2 et plus précisément son directeur, Pierre Juliet, de fournir les éléments pour que la DGCIS3 puisse agir.
2- Le préfet propose également que soit étudiée la création d’une « filière émergente » de l’hydrogène. Cette « micro » filière, pourrait réunir entreprises, banquiers, élus,… pour accélérer le développement.
De développement il en est bien question. « Les projections montrent qu’il y a plusieurs milliers d’emplois potentiels dans une filière de l’hydrogène très concentrée en Rhône-Alpes » complète Pierre Juliet, se référant à nouveau à l’exemple de McPhy, qui a créé une cinquantaine d’emplois en 4 ans.
1 L’Afhypac (Association Française pour l’Hydrogène et les Piles à Combustible) dont le rôle est la promotion du secteur était présente récemment sur Pollutec à Lyon, pour animer plusieurs conférences sur les thèmes de la ville et des énergies durables.
2 Le pôle de compétitivité Tenerrdis, qui regroupe les acteurs de la filière énergétique en Rhône-Alpes, a pour vocation d’accroître la compétitivité des filières industrielles françaises des nouvelles technologies de l’énergie grâce à l’innovation. Tenerrdis a conduit 206 projets et démonstrateurs pour un budget total de 1,1 milliards d’euros, financés à hauteur de 388 M€ par l’Etat et les collectivités territoriales. 7 plateformes technologiques et Instituts d’Excellence Energie Décarbonée soutenus par le pôle. 150 adhérents, dont 55% de PME.
3 La DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services) dépend du ministère du Redressement productif et sa déclinaison en région est la Direccte (Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi). C’est nommément Simon Ulmer, adjoint au pôle ‘’ Entreprises, Emploi, Economie ’’ de la Direccte Rhône-Alpes, que le préfet a chargé de monter la filière émergente de l’hydrogène.
