Le virus de la sharka attaque depuis plusieurs années les vergers de l’Ardèche, de l’Isère et surtout de la Drôme. L’Etat et les collectivités locales, dont la Région, financent un plan de reconversion pour les arboriculteurs

Le Comité des financeurs du Plan Sharka composé de représentants de l’Etat, de la région et du Conseil général de la Drôme s’est réuni le 20 décembre pour mettre en place le financement du plan de reconversion pour les arboriculteurs dont les vergers sont menacés par le virus de la sharka.

Le virus de la sharka, identifié pour la première fois en 1916 en Bulgarie, s’est depuis fortement répandu en Europe. Il touche les arbres à noyau du genre prunus: pêchers, pruniers, nectariniers, abricotiers, amandiers qui sont infectés par l’intermédiaire de pucerons qui véhiculent le virus. L’incubation peut durer plusieurs années, et la détection d’un arbre infecté est difficile, l’opération pouvant demander une journée pour un hectare. Certaines espèces végétales saines, peuvent servir de réservoir au virus, qui une fois dans un arbre infecté, peut se diffuser aussi par des repousses. La lutte est très difficile, et les dégats sont importants : fruits invendables, endommagés, récoltes réduites, propagation.

Reconversion sur trois ans

Un plan global proposé par Patrice Debos, Ingénieur Général du Génie Rural des Eaux et des Forêts, a été approuvé par le Ministre de l’Agriculture en janvier 2007. Il prévoit une reconversion sur trois ans des arboriculteurs dont les exploitations sont touchées. Un audit individuel permettra d’inscrire chaque projet de reconversion dans le projet collectif.

L’Etat a prévu de mobiliser sur le volet reconversion plus de 2 M€ . L’apport des collectivités locales s’élève à 1,2 M€ pour la Région et 1 M€ pour le Département. La reconversion doit permettre aux arboriculteurs conduits à arracher des vergers de mettre en œuvre plusieurs solutions. Ils peuvent être accompagnés dans le cadre de projets d’investissement, que ce soit en arboriculture ou dans d’autres productions. Ils peuvent être aidés pour gérer l’endettement dans le cadre d’une continuité de l’exploitation. Ils peuvent être aussi accompagnés s’ils veulent cesser leur activité agricole.
L’objectif du plan est de préserver le potentiel de productions agricoles des zones contaminées. Le but est de soutenir l’activité économique de ce territoire stratégique touché par plusieurs crises.

Le volet sanitaire (prospection et arrachage) a été, explique un communiqué de la Préfecture de la Drôme, efficacement conduit pour la première fois en 2007. Les indemnisations, versées à hauteur de 2,3 M€ en 2007 pour les dossiers éligibles, seront poursuivies en 2008. Elles devront être relayées ensuite par un fonds de péréquation professionnel auquel l’Etat apportera sa contribution. En cohérence avec les objectifs du volet sanitaire, le volet reconversion exclut de tout soutien les arboriculteurs qui replanteraient des « prunus » dans les zones les plus affectées. La prospection réalisée chaque année doit conduire à circonscrire et réduire chaque année les zones les plus affectées.

Plusieurs méthodes de lutte contre le virus sont étudiées: mise au point de variétés de ” prunus” génétiquement modifiées par un gène d’intérêt d’une autre espèce, ou sélection de variétés résistantes dans le genre. Le contrôle strict de la circulation des plants fait évidemment partie des méthodes de base pour confiner le virus.

michel.deprost@free.fr