Réintroduite en 2002 au sud du Lac du Bourget, la tortue Cistude d’Europe y prospère. Elle devrait coloniser d’autres baies, et le Conservatoire du Patrimoine Naturel de Savoie prépare une nouvelle réintroduction en 2009 à Chanaz. La Tortue Cistude d’Europe a réussi son retour sur les rives du lac du Bourget. Une colonie de 35 géniteurs, un grosse moitié de femelles, une petite moitié de mâles, introduits en de 2000 à 2002 a prospéré grâce à un milieu bien adapté de dunes et de rivages. Les individus issus de population sauvage de la Brenne dans l’Indre et d’élevages, ont donné naissance à une descendance assez nombreuse.
« Les captures montrent presque un doublement de la population, si les tortues relâchées ne sont pas mortes, sachant qu’une tortue a une longévité de 50 ans, mais qu’on ignore quel âge avait les individus relâchés » explique André Miquet, du Conservatoire du Patrimoine Naturel de Savoie, artisan de cette réintroduction.
Disparue depuis quelques dizaines d’années.
La Cistude d’Europe revient de loin. Depuis des dizaines de milliers d’années l’espèce peuplait les rives du lac comme les berges du Rhône. On trouve des restes datant de la préhistoire . Et au Moyen äge, on se régalait de Cistude, qui était de la viande maigre. Mais c’est aux dix neuvième et vingtième siècle que la Cistude a cédé presque tout son terrain. Agriculture consommatrice de terre jusque près des plans et des cours d’eau, piégeage, destruction des nids, capture dans les filets de pêche : la Cistude a reculé pour survivre depuis quelques décnnies seulement sous formes de populations relictuelles dans des secteurs de comme de l’Ile Crémieu.
Un long travail de réintroduction
La réintroduction a été un long travail, nécessitant un feu vert du Ministère de l’Ecologie, et la preuve que le milieu d’accueil était adapté. L’espèce a été inscrite à l’annexe 2 de la Directive Habitats de l’Union Européenne.
Le résultat est positif. Le radiopistage a permis de suivre les comportements des individus. “Le milieu convient, au niveau de l’eau, de la nourriture ” explique André Miquet. Les Cistudes n’occupent peut être pas tout l’espace du bout du Lac, mais elles seront capables de coloniser d’autres baies du côté d’Aix-les-Bains, de Brison Saint Innocent.ou de Chindrieux. Ces secteurs peuvent offrir des conditions satisfaisantes à cette espèce « ombrelle » qui a besoin de milieux aquatiques (vie, hibernation), de milieux terrestres (ponte en prairies et talus) et de liaisons entre eux, des corridors biologiques.
Réintroduction au nord du lac
Mais pour gagner du temps, une réintroduction est préparée au nord du Lac du Bourget, près de Chanaz à l’entrée du Canal de Savières jonction naturelle entre le lac et le Rhône, autre milieu où, dans les lônes et les bras tranquilles, la Cistude peut se plaire. L’objectif, explique André Miquet est d’obtenir une méta-population, c’est à dire une population autonome à partir de la population réintroduite.
Il faudra obtenir la mâitrise foncière du secteur, accueillir des cistudes dans un lieu pour les acclimater, puis les lâcher en les protégeant des pêcheurs dans leur milieu définitif. Le but est d’établir une population viable sur le site Natura 2000 « lac du Bourget-Haut-Rhône-Chautagne ».
Le Conservatoire du Patrimoine Naturel de Savoie a donc besoin d’un soutien du Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables ( MEDAD) pour conforter son travail. Il faut recenser et fédérer des parcs animaliers et éleveurs amateurs détenteurs de cistudes pour obtenir des populations plus nombreuses, sources des prochaines réintroductions. Il faut monter un réseau national des acteurs de la cistude (scientifiques, gestionnaires, associations, services de l’Etat) pour concrétiser un « plan cistude » dans le cadre du Plan d’Action National de la Biodiversité.
