Le tissu économique de Rhône-Alpes a résisté à la crise plus longtemps que le reste de l’économie française. L’activité en France avait reculé au premier trimestre 2008, elle n’a reculé en Rhône-Alpes qu’au troisième trimestre. Mais le redémarrage de l’activité sera plus mou en Rhône-Alpes, au premier trimestre de l’année prochaine.
C’est ce que laisse entrevoir l’indicateur Preveco mis en place par la Conseil économique et Social Régional qui a présenté ce lundi les deuxième prévisions produites par le modèle mis au point avec des universitaires de la Région.
hône-Alpes a mieux résisté, rappelle le président du CESR Bruno Lacroix, car la région possède un tissu d’industrie et de services moins affecté par une crise surtout financière. L’économie régionale n’a pas généré de bulle spéculative. Les mesures nationales et régionales en faveur de la relance, ont aussi permis d’atténuer le choc.
Recul d’activité continu
Tout cela a plutôt bien marché pour le moment. Mais le recul d’activité, même s’il se ralentit, s’approfondira en 2009. Et la situation devrait s’aggraver sur plusieurs plans.
D’une part, la dégradation va se poursuivre sur le front de l’emploi. Certes l’intérim pourrait connaîtrecertains frémissements, mais sur le fond, certaines entreprises qui ont conservé des salariés, risquent en Rhône-Alpes comme au niveau national, de passer à une phase de licenciement.
Plus profondément, la crise va déchirer le tissu industriel. Bruno Lacroix est inquiet de la sortie de crise dans la vallée de l’Arve. Combien d’entreprises seront encore là ?
Il faudra aussi se méfier de plusieurs données en trompe-l’œil, qui si elles sont un impact psychologique positif, celui de redonner le moral et de contribuer au redémarrage, ont l’inconvénient de masquer les réalités. Gilles MAURER, vice-président du CESR, souligne évidemment qu’après une descente, un léger regain d’activité peut être interprété comme une croissance. Mais le redressement de 2010, autour d’un indice 96,5 serait bien en deçà de l’indice 100 du dernier trimestre 2007 pris comme repère.
Il faudra aussi se méfier, rappelle Bruno Lacroix, de l’effet produit par l’accroissement du chiffre d’affaires de survivants qui n’auront que récupérer les parts de marché de leurs concurrents disparus. « En terme de produit national brut global, on n’aura pas gagné».
Sortie de crise
La question de la sortie de crise pose donc des questions de fond. Le tissu économique régional sortira transformé de la récession.Car Rhône-Alpes ne peut plus caracoler en mettant en avant des spécificités qui mettraient l’abri des vents extérieurs. Certes Rhône-Alpes peut compter sur des secteurs comme l’énergie, la chimie, la santé, le tourisme, sur des pôles de compétitivité efficaces.
Mais l’économie régionale a aussi des faiblesses. Le CESR devrait, ce mardi, à Grenoble, regretter l’absence de la formation dans les actions des pôles de compétitivité. La région doit encore investir dans la recherche, dans le développement.
Les recettes ne sont pas seulement régionales. Elles sont nationales et dépendent des finances publiques. Les déficits nationaux (Etat, assurances maladie, retraite, chômage) se creusent. Bruno Lacroix estime aussi que l’ISF qui pénalise les détenteurs d’actions d’entreprises familiales non impliqués dans les entreprises, pénalise la croissance des entreprises.
Les budgets des collectivités sont moins sensibles aux baisses de rentrées fiscales, même si le recul de l’immobilier touche les départements et la baisse des immatriculations touche les Régions. Les collectivités devront aussi réaliser de bons choix pour faire des pas vers les scénarios positifs de l’exercice de prospective Rhône-Alpes 2025 présenté il y a quelques mois par le CESR.
