Non, l’emballage n’est pas seulement un déchet quand il a été utilisé, et un investissement et un objet inutile avant. C’est ce que Fabrice Peltier, fondateur de l’Institut National de Design Packaging, a expliqué lundi aux auditeurs du colloque “Design et packaging responsable” organisé au Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier qui réunissent pour quelques jours encore en Rhône-Alpes, autour de thèmes divers, des intervenants essentiellement français et canadiens.
Moins de déchets d’emballage depuis 1994
Le fondateur de P’Reference, l’une des premières agence de design d’emballage en France, avec 10 000 produits créés, a élargi la problématique devant les responsables et étudiants de la Cité du Design. Il a rappelé, mais ce n’est pas suffisant, que le poids des emballages avait plutôt tendance à diminuer: 4,6 millions de tonnes en 1994, mais 4,4 millions de tonnes en 2004. Il a souligné que les emballages ne représentent que moins de 10% des déchets ménagers ( 46 millions de tonnes) , et une partie presque infime des déchets produits en France: 849 millions de tonnes. Il ne faut pas oublier que les déchets comprennent ceux de l’industrie et du secteur du bâtiment.
Fabrice Peltier a aussi défendu le rôle des emballages en soulignant justement que bien des produits, non emballés ou mal emballés, se détérioraient. Produits alimentaires détériorés, avariés prématurément, produits industriels abimés pendant le transport ou le stockage: le bon emballage réduit les déchets au maximum.
Organisation industrielle globale
Conclusion momentanée: le stade “déchets” n’est pas le problème numéro un de l’emballage. Ce qui ne veut pas dire que les emballages ne doivent pas être améliorés. ” Il faut poser la bonne question” et pour Fabrice Peltier, la bonne question est celle de l’organisation industrielle dans son ensemble. Donc de la conception globale des produits. Et le designer de montrer sur le dessin illustrant le cycle de vie d’un emballage, la présence d’un camion ou d’une voiture qui transportent le produit emballé. La cause principale est ici, dans une industrie qui délocalise à outrance, les produits, comme bien sûr les emballages, qui transporte pour économmiser quelques centimes d’euros, les petits pois et les boites de conserve vides.
Eco-conception
Les solutions sont alors indiquées: il faut appliquer comme au reste de l’industrie, les principes de l’écoconception aux emballages en adoptant “l’écopack attitude”. ” Il faut économiser les matières premières, surtout celles qui sont fossiles, alors que le verre est toujours récupérable. Il faut évaluer correctement le cycle de vie des produits, et ne pas oublier que le papier recyclé a consommé de l’eau, des agents de blanchiment, de l’énergie alors qu’un sac de matière plastique peut-être valorisé plus facilement“. Fabrice Peltier souhaite même qu’on insiste moins sur le pollueur payeur, et plus sur le pollueur éthique, en responsabilisant chacun.
En tous les cas, estime Catherine Ronge, de l’agence 02, l’environnement et l’économie peuvent tout à fait faire bon ménage. Sous la pression de la réglementation, des économies de matière et de la demande des consommateurs, les entreprises peuvent tout à fait être gagnantes en proposant des emballages plus durables. ” Il faut veiller à ne pas déplacer les pollutions” met cependant en garde Catherine Ronge.
L’Europe, et singulièrement la France, ne seraient pas si mal parties que cela grâce à des réglementations certes encore inégalement appliquées, avec des gestes encore mal effectués par des consommateurs. Mais les emballages commencent à être maîtrisés sur notre continent où on cherche à les valoriser alors qu’en Amérique du Nord, au Québec entre autre régions, ils prennent encore le chemin des décharges dans des pays aux vastes espaces.
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