Christophe Guyon a interrogé l’académicien Paul Deheuvels, pourtant éminent spécialiste en statistique, qui explique ne pas avoir été consulté par les responsables de l’Académie de Médecine avant la publication d’un communiqué mettant en cause le sérieux de l’étude.
En cause le déferlement de critiques, parfois très dures, s’en prenant à la personne de Gilles Eric Séralini. De nombreux scientifiques, par exemple du CNRS avaient demandé des suites à l’étude. Mais dans le sillage de l’évènement, il est vrai divulgué dans le cadre d’une opération très orchestrée, les travaux avaient appelé un tir de barrage.
Paul Deheuvels, explique avoir « incidemment appris que le professeur Jean-François Bach, président de l’Académie, avait l’intention de rendre public un avis très critique sur cette même étude. Trouvant cela bizarre j’ai demandé à entrer en contact avec Bach. Dès le lendemain, il m’a joint par téléphone en me disant qu’il considérait que le travail du professeur Séralini devait être catégoriquement rejetée. » Seul membre de l’Académie des sciences spécialisé à 100% en statistique, Paul Deheuvels s’est étonné de ne pas avoir été consulté alors que la recherche avait un important contenu statistique.
Paul Deheuvels, avait déclaré à la presse qu’il considérait comme anormal « que l’Académie fasse des commentaires décriant une étude de cette importance sans s’entourer d’un minimum de réflexion, de temps, et de garanties » . Paul Deheuvels qui explique avoir eu connaissance de données brutes de l’expérience, estime que certaines observations sont troublantes.
Chasse aux sorcières
Pour l’académicien « le fait de critiquer Gilles-Eric Séralini parce qu’il dit parfois « Je vois que », et qu’il ne démontre pas pour autant, est quelque chose qui relève d’un procès de chasse aux sorcières. » Pour le spécialiste « Cette affaire nous montre les pressions qui sont faites pour instrumentaliser l’Académie, et la transformer en outil de lobby. »
