Une expertise scientifique du Muséum National d’Histoire Naturelle et de l’Office de la Chasse et de la Faune sauvage, commandée par le ministère de l’Environnement, estime que les tirs de loups de plus en plus nombreux fragilisent les populations.
Depuis plusieurs années des tirs de prélèvements sont possibles dans les secteurs où les loups sont susceptibles de causer des dégâts aux troupeaux. Ces tirs réalisés sous le contrôle des préfets, ont été de plus en plus nombreux.
Pour les défenseurs du loup, ces tirs menacent la présence de l’espèce en France, ce que confirme une expertise communes Muséum d’Histoire naturelle-Office national de la Chasse et de la Faune sauvage.
Cette expertise a été commandée par le ministère de l’Environnement pour élaborer une stratégie à l’horizon 2025-2030. Pour l’association FERUS, la ministère voulait ” savoir s’il pouvait tuer toujours plus de loups…”.
L’expertise a été animée par le Service du Patrimoine Naturel du Muséum et la Direction Recherche et Expertise de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. L’étude a réuni un panel d’experts reconnus sur le plan scientifique, issus des grands organismes de recherche. Le panel est présidé par Yvon le Maho,Directeur de Recherche de Classe Exceptionnelle au CNRS et membre de l’Académie des Sciences (Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, CNRS et Université de Strasbourg).
Des prélèvements en hausse
Les niveaux de prélèvements dérogatoires réalisés ces trois dernières années représentent quelque 14% de la population totale estimée, une proportion quasi
-équivalente à l’excédent de croissance déduit du modèle exponentiel. De manière concordante, l’estimation des taux de survie (78%) avant la période d’augmentation des tirs montre que la marge de manœuvre pour exploiter l’excédent de croissance ne devrait dépasser 12% de mortalité supplémentaire dans l’objectif de garantir au moins la stabilité des effectifs.
Si le taux de mortalité était en moyenne de 22 % avant 2014, il pourrait atteindre 34 % depuis que l’Etat a intensifié la politique de tirs de loup. A partir d’un taux de mortalité de 34%, « toute population de loups déclinera et, si elle est maintenue sur cette tendance, s’éteindra de manière certaine ».
Pas plus de 10% des effectifs
Pour les chercheurs, cités par Ferus, les prélèvements légaux « ne devraient pas […], dépasser 10 % de l’effectif estimé pour que la population présente un bilan numérique au moins stable. » Or, « le pourcentage d’animaux prélevés légalement représente environ 14% des effectifs estimés en 2015 ».
La France fait face à un risque réel d’extinction de sa population de loups à long terme. Pour Yvon Le Maho (CNRS), « on est dans la zone critique ». « Si les données de 2017 confirment la stabilité de la population, cela signifierait qu’on ne peut pas tuer davantage de loups sauf à remettre en cause la viabilité de l’espèce », rajoute le chercheur.
Pour Ferus, ” les scientifiques valident donc les faits : l’Etat français est hors-la-loi. Conformément aux lois européennes (Convention de Berne, Directive Habitats-Faune-Flore), il doit permettre la restauration de l’espèce sur son territoire et non pas la flinguer à tout va pour satisfaire les lobbies.”
” L’Etat français prendra t-elle en compte ou poursuivra t-il sur son credo habituel, méprisant les avis des scientifiques et les opinions de ses concitoyens qui plébiscitent les loups ?” demande l’association FERUS.
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